Victoire des riverains qui ont obtenu la fermeture définitive du CAARUD AIDES Paris Centre 76 rue de Cléry 75002 Paris

En tant qu’association de quartier, nous tenons à féliciter les riverains qui ont obtenu la fermeture provisoire du CAARUD au 76 rue de Cléry. La pétition lancée par le comité Sentier-Bonne Nouvelle : Rétablir la sécurité et la salubrité dans notre quartier Sentier-Bonne Nouvelle (75002) a réuni plus de 1500 signatures et a porté ses fruits avec le déclenchement d’une vague d’articles de presse et de reportages télé faisant part des déboires des riverains confrontés aux consommateurs de crack agressifs et perturbant fortement leur vie quotidienne. Il est piquant de constater que le communiqué de presse qui annonce le 28 avril 2025 la suspension provisoire des activités du CAARUD 76 rue de Cléry réussit à en accuser les riverains pour ne pas avoir été assez tolérants et accueillants vis à vis des consommateurs de crack. C’est une véritable inversion accusatoire de la part du directeur de l’ARS Ile-de-France qui cherche à faire porter le chapeau aux riverains pour l’échec de l’implantation de ce CAARUD au 76 rue de Cléry.

“Depuis quelques semaines, le déménagement rue de Cléry de ce CAARUD suscite des contestations de la part des riverains, avec le risque que les tensions, constatées autour du site, finissent par provoquer des troubles à la tranquillité publique.” En quoi les riverains seraient-ils responsables des tensions autour du CAARUD ? Lorsque le gérant de la laverie voisine doit engager un vigile pour sécuriser sa boutique, en quoi est-ce la faute des riverains ? Lorsqu’une concierge explique avoir été menacée physiquement par une consommatrice de crack, qu’un père de famille a été tabassé lorsqu’il a voulu protéger son enfant, que des portes d’entrée d’immeuble sont fracturées pour des intrusion dans les immeubles et dans les parkings souterrains avec des phénomènes de prostitution intrusive, n’ont-ils pas le droit de se plaindre et de contester une cohabitation qui leur est imposée sans pour autant être assimilés par le directeur de l’ARS à des fauteurs de troubles ? Cette inversion accusatoire témoigne de l’aveuglement dogmatique du directeur de l’ARS et du personnel du CAARUD qui fait que l’accompagnement à la consommation de crack est considéré comme l’alpha et l’oméga de la gestion des consommateurs de crack désocialisés et avides d’argent pour acheter leurs doses.

Nous pouvons témoigner que les riverains n’ont jamais été consultés avant l’installation de cette structure en octobre 2024 rue de Cléry. Pourquoi les directeurs de l’ARS et d’AIDES ne se remettent pas en question pour la manière dont ils ont décidé entre eux de son implantation ? C’est plus facile d’accuser les riverains.

La réunion du comité de suivi associé du CAARUD AIDES Paris Centre à laquelle nous avons participé le 25 11 2024 a confirmé que les consommateurs de crack étaient accompagnés dans leur démarche de réinsertion sociale mais pas traités médicalement et surtout sans aucun objectif de sevrage. Est-ce aider des consommateurs ravagés par le crack, obsédés par leur prochaine dose, que de les laisser seuls face à leur addiction ? Un des animateurs a clairement pris position pour la multiplication des salles de shoot à Paris en faisant référence à la Suisse et d’autres pays européens. Il a expliqué que le sevrage forcé ne fonctionne pas. Voilà un postulat dangereux. Ainsi le consensus dans ce comité est la consommation à tout va avec au mieux un hébergement en hôtel à la clé. Dans le cadre du plan crack (12 millions d’Euros en 2024), l’ARS propose 600 nuitées chaque jour pour des personnes mises à l’abri dans 69 hôtels répartis en Île-de-France, des haltes de nuit avec des équipes mobiles d’accompagnement, en plus des espaces de repos de jour. Les résultats de l’hébergement accompagné (dispositif ASSORE) font que sur les 610 personnes accueillies, 87% voient leur consommation de crack diminuer depuis leur entrée dans le dispositif et 1 sur 5 signale un arrêt complet du crack. Est-ce vraiment suffisant ? Pourquoi avons-nous l’impression que les consommateurs de crack utilisent leurs chambres pour continuer à se droguer ?

Depuis que la pétition des riverains a pris de l’ampleur, nous avons été excédés par le défilé des politiques venus soutenir le CAARUD. La sénatrice écologiste, le sénateur socialiste, les conseillers de Paris socialistes, le maire socialiste, tous ont répété leur mantra : “l’hospitalisation d’office n’est pas possible, nous ne sommes pas en Corée du Nord. Donc il faut dépénaliser la consommation de toutes les drogues”. Et pourtant ces consommateurs de crack incapables de gérer leur vie, ne seraient-ils pas reconnaissants à moyen terme à ceux qui les forceraient à s’arracher à leur addiction ? Comment être aveugle au point de ne pas constater que les Etats-Unis changent de politique vis à vis de leurs centre villes envahis par des milliers de tentes occupées par des sans abris toujours plus nombreux ? On pouvait avoir jusqu’à 3 grammes d’héroîne, du fentanyl, du crack, des amphétamines et ne pas être inquiété par la police complétement découragée face à l’augmentation exponentielle des consommateurs à la rue : les arrestations ne débouchaient qu’à 18% sur des peines de prison, même les petits dealers récidivistes étaient relachés au bout de 24 heures. La nouvelle politique américaine est de considérer que ces sans abris complètement drogués doivent être soignés au lieu d’être laissés à eux-mêmes comme les politiques socialistes et écologistes le préconisent encore à Paris (ils ont évidemment un temps de retard et ne veulent pas l’admettre). Des expérimentations comme celle de Providence à Rhode Island mettent en prison les drogués où trois produits de substitution leur sont proposés et dont ils doivent en choisir un qui leur sera administré le restant de leur vie. S’ils récupèrent leur santé mentale, ils sont autorisés à sortir avec un bracelet électronique et un contrôle constant de l’association qui les suit en permanence (avec 95% de réussite en ce qui concerne le sevrage)

En France François Diot propose l’objectif de sevrage et de réinsertion sociale comme le pratique l’association Espoir du Val-d’Oise (Edvo) avec peu d’argent et un bon taux de réussite en ce qui concerne le sevrage et la réinsertion sociale et professionnelle.

La consommation de crack conduisant à une addiction avec des complications psychiatriques (troubles cognitifs, dépression…), somatiques (complications respiratoires, infectieuses, cardio-vasculaires, neurologiques…) et sociales (rupture familiale, perte d’emploi, incarcération pour détention de produit illicite, etc.), l’ARS a pour objectif de constituer un continuum de prise en charge à la fois sanitaire et médico-sociale des consommateurs, adapté à leur profil. A ce titre, elle pilote, autorise et finance des actions médico-sociales d’« aller-vers », de réduction des risques et des dommages, d’accompagnement des mises à l’abri en sortie de rue, préalables à une prise en charge thérapeutique hospitalière ou ambulatoire, existante et à développer. L’ensemble des actions et des dispositifs sont élaborés avec l’appui des services hospitaliers d’addictologie et de psychiatrie (AP-HP, GHU-PPN) ainsi que des opérateurs médico-sociaux spécialistes des questions d’exclusion et d’addiction.

Au vu de cette fermeture définitive du CAARUD rue de Cléry, nous pouvons espérer que grâce aux protestations permanentes des riverains de la salle de consommation à moindre risque Lariboisière (Collectif Riverains Lariboisière-Gare du Nord ), celle-ci sera fermée le 31 décembre 2025 à la fin de la période d’expérimentation.

Notre conseil est d’installer les CAARUD et les SCMR dans l’enceinte des hôpitaux et plus jamais au bas d’immeubles en pleine ville.